Proie

date_range 10 Février 2020

Il suffit d'un rien. Un SMS, une situation, le croiser, revenir là-bas, dans mon ancienne maison pour que la peur coule dans mes veines. Il ne m'a jamais frappée. Il m'a juste promis plein de fois. La première fois, mon deuxième enfant avait juste 1 mois ou 2. Je lui avais demandé de rester avec lui et m'appeler quand il se réveillerait car je faisais le ménage à l'autre bout de la maison et ne pouvais pas l'entendre (je l'allaitais). Au bout de 45 min peut-être, je suis redescendue, mon fils hurlait, pendant que son père éructait "ça fait je sais pas combien de temps que je t'appelle, t'entends pas, tu fais Ton ménage".  Mon ménage ? Comment ça ? Je lui dis non, non le ménage ne m'appartient pas et je t'avais prévenu que je ne pouvais pas entendre (cette partie de la maison est une extension). Pourquoi tu hurles ? Pourquoi tu n'es pas venu me trouver ? Pourquoi ce serait Mon ménage en particulier ? Et là, il me dit "ferme-la, je vais t'en mettre une". Voilà, c'était la première fois, en 2011. Mon cerveau avait enregistré : tu es une femme, une victime, une proie, surtout ne bouge plus, pleure en silence, ferme-la. Il a sûrement raison.

Et puis il y a eu ce jour-là où j'avais parlé au prof de shiatsu de ses promesses de m'en mettre une. Le prof de shiatsu m'avait demandé calmement si j'avais déjà mis un coup de poing. Non, bien sûr que non, taper c'est pas bien. Il me demande de lui montrer, je tape mollement dans un coussin. Puis il me montre comment mettre le poids de mon corps, relâcher mon bras, etc. Il m'apprend à mettre un coup de poing. Quelques jours plus tard, je rentre à la maison, il a oublié d'emmener Numéro Bis chez la sophrologue, alors qu'il s'y était engagé, que la sophro avait fait garder ses enfants exprès, que j'avais proposé de prendre une demi-journée. La sophro a essayé de le joindre en vain, je l'ai eu sur la route, je suis gênée de l'avoir mobilisée pour rien, que mon fils n'ait pas eu la séance dont il avait besoin (quelques légères tensions à la maison il faut dire). Bref, j'arrive et je lui demande d'appeler la sophro pour s'excuser, il me dit "tu me dis pas ce que j'ai à faire putain". J'insiste, si justement, je ne trouve pas ça correct. A ce moment-là, il est de l'autre côté de la table et dit "ferme-la, je vais t'en mettre une". Je sens une énergie en moi, je n'ai pas peur, je suis sur un pied d'égalité, je lui réponds "ça tombe bien, moi aussi j'ai vachement envie de t'en mettre une". Il me demande si je suis folle. Je lui réponds que non, pas plus que lui, il a envie de me taper, moi aussi j'ai envie de le taper. Qu'il vienne. Il reste coi et je n'ai plus de son, plus d'image jusqu'au lendemain matin où, parce que j'ai l'outrecuidance de le réveiller à 8h pour le prévenir que je pars au travail, qu'il doit emmener les enfants à l'école et penser à prendre les pizzas pour la fête de l'école de la grande, il explose, me dit "t'es qu'une pute, une chienne, je vais te tuer".

Effectivement, le soir en rentrant, je ne peux que constater qu'il a tout cassé dans la maison... Je me souviens filmer ma fille à la fête de l'école, avoir le bras qui tremble et les larmes qui coulent sur Mistral Gagnant.

Ce jour-là, je me suis décidée à partir. Mais je me demande en permanence pourquoi j'ai accepté tout ça sans broncher, pourquoi il m'a fallu autant de temps pour réagir, pourquoi j'ai accepté toutes ses conditions lors de la séparation (qu'on me fait payer cher aujourd'hui "Madame a accepté les conditions", de quel droit reviendrait-elle dessus ??). Pourquoi un simple SMS plein de fiel déclenche toujours cette coulée de peur dans mes veines, comme si je redevenais tout à coup une proie, sa proie ? Combien de temps encore ?

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