Le premier cri

date_range 01 Février 2020

Je dirai qu'il y a eu un basculement à la naissance de mon deuxième enfant. Il y a eu un avant et un après. La fin d'un truc, le début d'un autre.

Après un accouchement très médicalisé la première fois, humiliation et infantilisation de la part du gynéco, j'avais soif de revanche pour ce deuxième. J'avais participé à des rencontres entre mères, m'étais investie dans une association de soutien à l'allaitement maternel. Je m'étais beaucoup documentée sur Internet, j'avais lu quelques livres. Je voulais accoucher, seule. Je ne voulais pas qu'On m'accouche. J'avais fait un projet de naissance, je ne voulais pas de péridurale, pas de touchers vaginaux répétés, pouvoir bouger, ne pas être séparée de mon enfant, etc. Négocié avec le personnel, en toute sécurité. Bref, j'étais prête.

Mon fils est né en 3h, à terme, en bonne santé. J'ai accouché toute seule, comme une Warrior. J'ai géré les contractions, bougé, refusé la bonne vieille perf d'ocytocine. Je suis arrivée en salle d'accouchement peut-être 15 ou 30 min avant la naissance de mon enfant, je ne me rappelle plus exactement. Tout est allé très vite. Je me rappelle à la fois l'effroi de ce qui était en train de se passer, la douleur ou plutôt la peur de la douleur... et le sentiment d'une grande confiance en moi. J'avais réinvesti mon corps, j'étais au diapason. Je pouvais sentir les contractions arriver, je respirais, le travail avançait bien, tout ça sans aucune intervention médicale... Je faisais équipe avec la sage-femme, qui avait tout compris en se présentant à moi le matin. En 1/4 de seconde elle m'avait cernée, avait lu mon projet, accepté sans discussion. Elle m'encourageait, et était juste à côté de moi pour me soutenir.

Et fatalement, quand est venu le moment de la naissance, j'ai hurlé. Sans retenue, à pleins poumons. J'ai vu la peur dans le regard de mon compagnon, qui a reculé au fond de la salle. C'était la première fois. E Badinter (je la cite, même si je n'apprécie pas ses positions), dans son ouvrage Le conflit, la femme et la mère, explique que les émotions des femmes sont contenues, et que c'est souvent au cours d'une naissance que la femme crie pour la première fois.

Au-delà du cri, cette naissance a été en quelque sorte la naissance de Brigitte Warrior. Je pense que mon (aujourd'hui ex) compagnon a découvert avec stupeur la puissance que j'avais en moi. J'étais fière de moi, j'avais claqué le beignet du gynécologue qui m'avait suivi pour ma première grossesse et qui disait "vous serez toujours déclenchée, c'est comme ça" et me promettait de l'accouchement médicalisé un point c'est tout. J'étais allée au bout d'un projet, seule (sic). J'étais connectée avec mon corps.

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