Muer : subir une mue, changer de peau

Je suis Brigitte Warrior. Brigitte parce qu'il y a une Brigitte en chacune de nous et que j'aime les Brigitte (enfin sauf peut-être BB). Warrior, parce que nous sommes toutes des guerrières de l'ordinaire.

Brigitte Warrior, c'est vous, c'est moi, c'est votre amie, votre soeur, votre mère, votre collègue (oui même celle que vous détestez). Il m'a fallu du temps pour devenir une Warrior, parce qu'en chacune de nous, il y a cette éducation qui nous pousse à ne pas croire en nous. Il y a parfois ces failles, ces blessures indélibiles qui font de nous des victimes pour toujours. Parce que quand on vous a déjà humiliée, vous avez intégré que vous le méritez bien et vous êtes habituée à renfiler votre habit de victime et toutes les occasions sont bonnes : en famille, au boulot. C'est instinctif, on s'en rend même pas compte et on met longtemps à foutre à la benne ce déguisement à la con.

Je me rappelle que quand j'ai lu King Kong Théorie, à sa sortie, je me suis dit "mouais, c'est pas ce qu'elle a fait de mieux Virginie Despentes". J'ai pas compris. Pas cerné où elle voulait en venir.

Je me rappelle de ma collègue qui nous parlait de féminisme il y a quelques années. Je la trouvais sympa, le féminisme j'avais rien contre mais je pigeais pas.

Il a fallu du temps. Des claques. Des prises de conscience. Lentes ou très vives. Fulgurantes parfois.

J'ai toujours écrit, gribouillé, sur des cahiers quand j'étais enfant. Sur un blog quand je suis devenue mère. Mais j'ai rien écrit depuis que je suis devenue Brigitte Warrior. C'est en moi pourtant, j'écris des trucs dans ma tête, quand je conduis, quand je suis en colère, au lieu de dormir. Ce sera sûrement foutraque. Peut-être que ça durera pas. Qu'il n'y aura qu'un article. Je sais pas, j'ai pas de plan.